Pier-Luc Funk vous ouvre les portes et vous invite à un party à son image. Pas exactement ses portes à lui, celles de sa véritable demeure; plutôt celles du décor de maison où se campera, dès le 11 janvier, son nouveau talk-show On ramassera demain, à Télé-Québec. Qui prendra non pas des allures de « show de chaises » traditionnel, mais bien de fête de salon décontractée.
Cette émission qu’il souhaite éclatée et qui, espère-t-il, devrait rallier le public de son âge (29 ans), Pier-Luc Funk la dessine depuis déjà un bon moment avec la boîte de production Pamplemousse Média (de France Beaudoin) et le réalisateur Patrice Ouimet, qui assemblait la Soirée Mammouth lorsque Pier-Luc la copilotait avec Sarah-Jeanne Labrosse. Le ton d’On ramassera demain se situera, dixit son animateur, à mi-chemin entre la fiction et la tribune d’entrevues. Préparez donc bière et popcorn pour 60 minutes de détente totale, le jeudi, à 21 h.
On aura bel et bien l’impression d’être chez Pier-Luc Funk, et tout sera un peu permis, à On ramassera demain : prestations musicales dans la salle de bain ou le garage, conversations autour de l’îlot de cuisine, avec des convives de tous les horizons (humoristes, comédiens, etc). Dans l’environnement d’une résidence pleine à craquer de figurants – qui constitueront le public –, Funk prononcera un monologue de bienvenue, puis traversera les différentes pièces chargées de gens pour nous donner le pouls d’une ambiance survoltée. Comme le ferait l’hôte d’une véritable réunion entre amis à domicile!
« Il y aura des sketchs avec des artistes, des discussions. On aura le sentiment d’aller faire un party dans la maison d’un de nos amis. Tout se passe là! On a vraiment travaillé fort pour donner une personnalité à ce show-là, pour qu’il vive bien, que ça ne soit pas les codes d’un talk-show habituel », raconte Pier-Luc Funk à Sous les projecteurs.
Pour les curieux, sachez que, non, Pier-Luc Funk n’a pas réellement autorisé les caméras à entrer chez lui pour les besoins du projet.
« Ce n’est définitivement pas chez nous! (rires) Je peux l’assurer! Ne laissez jamais entrer une équipe de tournage chez nous, jamais de votre vie…! »
9 – 14 ans : Deux mondes!
On pressent déjà que Télé-Québec aspire sans doute à intéresser la jeune génération pour, peut-être, la garder devant ses ondes avec On ramassera demain. À l’instar d’Arnaud Soly et son Club Soly et des troupes de Complètement Lycée (tous deux à Noovo), Pier-Luc Funk pourrait-il être l’un des meneurs d’un mouvement, de plus en plus espéré, visant à réconcilier les Y et les Z avec les créations d’ici? Le quotidien La Presse propose d’ailleurs ce dimanche un étoffé dossier sur le rapport des enfants et adolescents avec le petit écran (lisez-le ici). Récemment de passage à Dans les médias, l’humoriste Pierre-Yves Roy-Desmarais décriait aussi les décisions parfois étranges des décideurs de l’industrie à l’égard du contenu jeunesse (voyez-le ici).
« Je ne me dis pas qu’il faut que je ramène ma génération devant la télé; ma génération est déjà devant la télé », siffle Pier-Luc, avant d’enchaîner posément :
« Après, est-ce qu’il faut les ramener à s’intéresser à la télé québécoise? Je pense que oui. Pour ça, va falloir leur donner des émissions qu’ils aiment. Moi, je veux faire un show que, moi, j’aime, et je vais faire tout en mon possible pour que le public trouve ça bon et aie le goût de l’écouter. Déconstruire des réflexes, ça ne se fait pas en claquant des doigts. »
La vedette d’Entre deux draps (Noovo), des Révoltés (Club illico) et de la dernière mouture de Plan B (Radio-Canada), trois produits que le presque trentenaire dit respecter au plus haut point, insiste : oui, les congénères de son époque en consomment, de la télévision. Ils syntonisent Netflix et Crave, soutient-il. Lui-même affirme craquer pour des titres comme La nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé ou Survivor Québec.
« Je trouve qu’on fait vraiment de la bonne télé, mais il faut prendre des risques, si on veut ramener notre monde. Souvent, les chaînes font des émissions pour plaire, en sachant qu’un certain public va les écouter, mais on néglige peut-être le public de demain. Il ne faut pas juste fade away [disparaître]! Il faut prendre des risques, et, surtout, avoir la chance de prendre des risques. »
Prendre des risques, aux dires de Pier-Luc Funk, signifie peut-être, pour les diffuseurs, de réviser leur auditoire-cible et de rafraîchir certaines idées préconçues tenaces.
« Ça me fait rire. Quand on fait une émission pour les 9-14 ans…. Veux-tu savoir combien c’est deux mondes différents, 9 ans et 14 ans? Il ne faut pas prendre les ados pour des enfants. C’est important de faire du bon jeunesse, edgy [croustillant] et audacieux. Nous, on est craintifs avec notre jeunesse, on ne veut pas prendre de chances… mais on achète Euphoria! On achète des séries étrangères où ils font du fentanyl sur un couteau, mais nous, on ne veut pas oser quand on crée nous-mêmes notre télé jeunesse. Ce double discours m’énerve! »
À cet égard, l’acteur salue la maison de production Passez Go (Chouchou, Lou et Sophie, De Pierre en fille, Pour toujours, plus un jour, Le chalet), qui tente à sa façon de repousser les limites établies pour parler aux tranches d’âge oubliées.
« Passez Go, ce sont des créateurs qui se battent pour faire valoir leur point de vue. On ne leur donne pas carte blanche, on leur met des barrières, et ils défendent leurs idées. Ça prend des guerriers comme eux, qui vont se battre pour le contenu qui compte! »
Pier-Luc Funk a accepté le défi d’On ramassera demain notamment parce qu’il se sent en confiance avec l’équipe de Pamplemousse Média, qui l’a accompagné pendant cinq ans dans l’aventure de la Soirée Mammouth.
« Moi, mon plan, c’est de faire des shows que j’aime et m’entourer des meilleures personnes pour ça. Pamplemousse réussit toujours à venir me chercher dans des affaires où je ne m’imagine pas moi-même. Même Mammouth, ça m’avait surpris. Ce sont des gens avec qui j’ai une vision similaire, qui sont investis. On a le goût de mettre notre cœur dans les projets. Quand France Beaudoin vient me chercher en me disant qu’elle va se battre jusqu’au bout avec moi pour que je sois content, je la crois et j’ai le goût de foncer avec elle. C’est vraiment une équipe de Formules 1. »
On ramassera demain, le jeudi, à 21 h, à Télé-Québec, dès le 11 janvier. En rediffusion le lundi à 14 h, le samedi à 22 h, et le dimanche, à 23 h.
Marie-Josée R.Roy
Fondatrice / Rédactrice en chef / Journaliste