Naissance, mariage ou même enterrement : pour les Irlandais, toutes les raisons sont bonnes pour aller trinquer au pub! Ce n’est pas pour rien que bien des villes de bien des pays possèdent leurs établissements emblématiques de l’île d’Emeraude, lesquels n’attendent pas la fête de la Saint-Patrick du 17 mars pour s’embraser joyeusement.
C’est cet esprit festif au corsé parfum de whisky irlandais que célèbre le spectacle Irish Celtic, fresque musicale de deux heures, entracte inclus, qui tient l’affiche de l’Espace St-Denis ces jours-ci, un an après s’y être installée pour une première fois, en janvier 2023.
Nul besoin de s’intéresser studieusement à l’Irlande et ses traditions pour apprécier le rendez-vous ; de toute façon, Irish Celtic n’a rien de très informatif, on campe ici dans le divertissement plutôt léger. Ce qui est principalement à l’honneur, c’est la danse et la musique celtique. Et pour danser, les saltimbanques d’Irish Celtic se trémoussent sans peur, comme s’il n’y avait pas de lendemain!
Rejeton de la maison de production française Indigo Productions, Irish Celtic rassemble des artistes issus de diverses compagnies irlandaises et a déjà fait sa marque dans plusieurs coins du monde, notamment la France, l’Allemagne et la Chine. Notons qu’à la mi-mars prochain, c’est sur les planches des mythiques Folies Bergère, à Paris, que la troupe soulignera la Saint-Patrick.
Même Éric Lapointe…
Irish Celtic se découpe en enchaînement de tableaux narrés par Paddy Flinn (Toby James Gough), sympathique et charismatique personnage du « patron, chef, capitaine » du pub de légendes Irish Celtic, lequel fait office de prétexte et de décor à cette revue musicale. Un pub de plus de mille ans, qui héberge ses « fantômes » et ses coutumes, un véritable « musée de mémoire », nous souligne-t-on.
« Le pub est une notre église. Nous sommes très croyants, nous venons à cette église tous les jours! », badine notre hôte Flinn, coiffé de son chapeau, dans son mot de bienvenue, invitant du même souffle le public à lever son verre au son d’un « Sloge! » (« Santé! » dans la langue irlandaise) – pardonnez l’orthographe sûrement erroné – bien senti.
L’imposant homme au français délicieusement chantant typique d’Irlande s’amène sur scène, nous relate une tranche de vie de son peuple (comme la dernière nuit à bord du Titanic) ou lance quelques blagues (souvent puisées dans le thème de la soif apparemment inétanchable des Irlandais), puis sa quinzaine de comparses musiciens et danseurs s’exécutent sans faiblesses en mouvements aussi endiablés que réjouissants. Les chorégraphies s’avèrent toutes fascinantes.
Devant le comptoir de boissons d’un côté, le piano à l’autre extrémité, on bondit et tournoie. Les jambes se croisent et se décroisent allègrement dans d’habiles sautillements, les jupes virevoltent, les claquettes tambourinent au plancher et les sourires irradient dans des numéros de danse en groupe et en couple qui ne deviennent étrangement jamais redondants.
Dans ses petits laïus, Paddy Flinn évoque l’hétérogénéité des classes sociales qui fraient dans tout bon pub irlandais, l’importance de la famille, les amitiés qui se créent autour d’un verre, et exprime une ode à la liberté : autant de petits – trop brefs – extraits d’épisodes bâtisseurs de l’Irlande, qui ne vont hélas jamais en profondeur. Il insère même des gags sur Donald Trump, sur Éric Lapointe (« Il est venu ici se cacher de la police! ») et sur Céline Dion. Nos visiteurs ont visiblement jaugé Montréal avant de s’y poser!
Peu flamboyant
Il manque peut-être un peu d’histoire et de cohésion dans ce bar bon enfant, où les costumes et autres éléments visuels n’ont rien de très flamboyant. La trame conductrice est mince et on a occulté un volet documentaire qui aurait pu être grandement pertinent dans le contexte d’une œuvre pourtant centrée sur un pays riche en trésors. On nous en distille de petites doses, souvent sous le couvert de l’humour, mais on aurait pris des vidéos, par exemple, et plus de chair autour de l’os.
On aura peut-être aussi le réflexe de regarder sa montre, une fois dépassée la mi-temps de la prestation; heureusement, la deuxième partie amène son lot d’inédit, avec des moments plus langoureux, des prouesses de claquettes en solo (jamais on n’aura eu autant conscience du mélodieux cliquetis du talon au sol!) et cette conclusion sur fond de legs paternel du commerce de Paddy à son fils Diarmuid (Jack Allen Lynch).
Mais pour simplement s’enivrer de l’harmonie des violons, accordéons, harpes et cornemuses des sonorités celtiques caractéristiques, pour taper des mains et se redonner une petite dose de pep en ce début février pluvieux, Irish Celtic remplit ses promesses, aussi vivifiantes qu’un breuvage ambré européen. Bien sûr, on se dira au revoir en entrechoquant nos verres de bonnes Guinness…
Irish Celtic tient l’affiche de l’Espace St-Denis jusqu’au dimanche 4 février. Pour informations, on consulte le site web de la production.
Un autre spectacle musical très attendu prendra bientôt d’assaut l’Espace St-Denis… et on recherche de jeunes comédiennes pour en faire partie! Apprenez-en plus ici.
Crédit photo principale Irish Celtic : Philippe Fretault / Courtoisie Agents Doubles Productions
Marie-Josée R.Roy
Fondatrice / Rédactrice en chef / Journaliste