Un « Camping » très flyé à la TOHU

À l’affût de sorties familiales pour le temps des Fêtes? Lorgnez du côté de la TOHU, qui nous propose ces jours-ci l’amusant spectacle Camping, provenant de la compagnie pluridisciplinaire Théâtre à Tempo, de Québec. Pourtant déjà présenté plus de 300 fois, Camping n’avait jusqu’ici encore jamais été à l’affiche à Montréal. Et il était temps que la métropole puisse s’immerger dans cette émule du Camping Sainte-Madeleine des années 1970… en beaucoup plus flyé!

Rafraîchissant et sans prétention, naïf par moments, Camping ne repousse pas les limites de l’art circassien, et ce n’est pas non plus l’objectif, puisqu’on y sollicite également danse et théâtre, avec musiciens intégrés à l’histoire. Rayon acrobaties et envergure, le Théâtre à Tempo et ses sobres intentions ne rivalisent pas avec l’éclat d’un Cirque Alfonse ou d’une Machine de Cirque, aux propositions plus définies et abouties. Et les presque deux heures – avec entracte – paraîtront longuettes aux plus pressés… et aux enfants à l’attention parfois déficiente dans la salle. En ce sens, certains choix de mise en scène nous paraissent discutables, comme cette longue vignette musicale à saveur rétro, au son de Moonlight Serenade et J’attendrai, qui ouvre la deuxième partie. Camping s’égare ici et là en cours de route, et certains tableaux auraient gagné à être resserrés.

Mais ce séjour en faux plein air – qu’on peut presque appeler un Noël du campeur à cette période de l’année! –   divertit quand même franchement. On constate vite que l’idée de planter pareille fresque en site de camping regorge de possibilités, avec les roulottes, chaises pliantes, bicyclettes, planches à roulettes, sapins et autres tables à pique-nique qui se transforment en accessoires de scène. Tout ce mobilier extérieur devient support à de sympathiques séquences bougées et dansées, qui prennent savamment leur temps. On est en vacances en camping, après tout!

Par exemple, un protagoniste se hisse au sommet d’une pyramide de chaises sur le toit d’un modeste motorisé après avoir fait virevolter lesdites chaises en un tournemain. Une raquette de badminton servira de volant dans… une joute de badminton, où une seule corde fera office de filet, corde qui se muera ensuite en balançoire. Tout l’environnement physique est mis à profit. Roue Cyr, sangles, contorsions, culbutes et jeux de mains – à vitesse phénoménale ! –  se fondent à travers les interactions des joyeux résidents de ce camping sis au milieu de nulle part. Même un petit animal téléguidé (peut-être un rat), participe sporadiquement à la fête!

La finale, alliant piscine gonflable et sauts à la balançoire russe, est fichtrement joyeuse… jusqu’à ce que la mémé du groupe vienne y apposer un frein abrupt!

L’aspect musical est fluidement intégré à la trame, avec des instruments variés : on joue autant du balai, du grill et de la planche à laver que de la cuillère, de l’accordéon et de la flûte traversière, tant sur des échantillons originaux que sur It’s Not Unusual, dans ce festif Camping, où on se trémousse façon charleston ou salsa. On n’est pas regardants! Quelques procédés se répètent – la jonglerie surgit notamment souvent – mais chaque numéro mis en scène par l’idéatrice Geneviève Kérouac possède son identité propre.

Le Théâtre à Tempo se spécialise dans la pitrerie clownesque, et cet esprit se dégage de l’ambiance de Camping, dans les costumes et certaines interprétations, comme ces duels de mots de personnages en langage quasi inventé, des prestations frôlant le mime. Colorée sans être criarde, dans son décor aux tons pastel, la production rassemblant une douzaine d’artistes multi-talentueux évoque la microsociété que constitue n’importe quel village de camping, avec les multiples figures hétéroclites qu’on peut y rencontrer.

Une scène du spectacle Camping, à la TOHU. Crédit photo: Benoit Lemay/ Courtoisie Théâtre à Tempo / La TOHU

Chose certaine, l’expression « terrain de jeu » aura rarement été aussi à-propos.

Le spectacle Camping est présenté à la TOHU, à Montréal, jusqu’au 31 décembre