Alexandre Da Costa a traversé une tempête dans la dernière année. Bien que remplis de projets, les derniers mois ont aussi été difficiles, le leadership du chef de l’Orchestre Philharmonique du Québec, objet de vives critiques formulées par ses musiciens, ayant été publiquement remis en question. Le principal intéressé nous explique son point de vue.
« De recevoir des commentaires aussi blessants, pour moi, c’était nouveau, et ça n’a pas été nécessairement facile », admet Alexandre Da Costa, une pointe de déception dans la voix.
« J’aimerais dire que ça m’a coulé dessus comme sur le dos d’un canard, mais ce n’est pas vrai. Je n’avais jamais vécu ce genre de tourmente. Les politiciens connaissent très bien ça et sont formés pour passer à travers, mais moi, je suis un musicien. Pour moi, ce qui est important, c’est de faire de bons concerts. »
(Nous vous invitons à lire le résumé de toute l’affaire plus bas, à la fin de cet article).
L’orchestre de « tous les Québécois »
En entrevue avec Sous les projecteurs, le maestro de 44 ans ne se défile pas. Il l’assure d’une voix ferme : il considère tous ses collaborateurs « comme des amis », s’affirme ouvert à la discussion et il estime injustifiés les commentaires émis dans les médias.
« Je ne peux pas répondre à ces attaques-là, c’est trop personnel et trop loin de la réalité. Il y a beaucoup de propos mensongers, là-dedans, beaucoup de choses prises totalement hors contexte, et d’opinions fondées sur rien du tout. Beaucoup de gens opinent ou prennent la parole sans même m’avoir vu en concert! Ils disent que je suis X, Y ou Z, mais ils ne sont jamais venus dans une répétition, ni dans un concert, ni ne m’ont parlé de manière personnelle. »
Alexandre Da Costa concède que les transformations apportées à la structure de l’Orchestre Philharmonique pour aller vers « une coquille plus grande », ont pu « faire des vagues ». Aux récalcitrants, il répond que le changement de nom, notamment, était dans les plans depuis longtemps et fut entériné par plusieurs personnes, dont le conseil d’administration de l’institution, son directeur général, des élus de la Rive-Sud de Montréal et des membres de l’orchestre, après « de nombreuses discussions ». « Ce n’est pas un choix qui a été fait de façon légère ou anecdotique ».
« On veut devenir l’un des orchestres majeurs dans notre pays, aller vers les gens, voyager plus régulièrement et être l’orchestre de tous les Québécois. On est très liés à Longueuil, ça reste notre base, notre quartier général, mais on veut s’exporter le plus souvent possible, et le nouveau nom reflète ce qu’on veut devenir. »
Aux dires de l’homme, 15 nouveaux musiciens ont récemment intégré l’équipe, au terme, apparemment, d’un nombre record de talents rencontrés en audition, « des centaines et des centaines » de candidatures, maintient Da Costa, qui attribue aussi les multiples désertions des dernières années à des départs à la retraite.
« Cet orchestre-là a 37 ans », rappelle-t-il, soulevant que certaines personnes en faisaient partie depuis le début, en 1986.
Très en vue, Alexandre Da Costa multiplie depuis cinq ans les apparitions sur diverses tribunes et se tient beaucoup « dans la lumière », observe-t-on. Si sa propension à attirer l’attention sur lui-même peut déranger, il l’avoue, elle a au moins le mérite de sortir la musique classique des circuits spécialisés, se réjouit-il.
« Je veux que de nouvelles personnes deviennent des adeptes. Si on veut rejoindre d’autres publics, il faut aller dans d’autres types de médias, à vocation généraliste. Pour éveiller l’intérêt des gens qui ne sont pas nécessairement des mélomanes avertis.
Ç’a l’air de déranger beaucoup, plusieurs personnes de mon industrie me l’ont reproché. Mais, dans la rue, les gens me remercient surtout de leur expliquer ce milieu qu’ils connaissent peu. »
Ventes qui explosent
La vente de billets de l’orchestre, signale Da Costa, est passée de 4000 par année, avant son arrivée, à 40 000 l’an dernier. D’une douzaine de concerts annuellement présentés autrefois, l’ensemble en offre désormais une soixantaine.
Celui qui fut jadis encouragé par Charles Dutoit tient mordicus à « partager » la musique classique au plus grand nombre, la rendre plus « flexible et accessible ». Ainsi, figurent au programme de l’Orchestre Philharmonique du Québec, prochainement, la soirée ciné-musicale Disney en concert : Un rêve est un souhait (en collaboration avec Juste pour rire, du vendredi 24 au dimanche 26 novembre, avec les voix de Véronique Claveau, Philippe Touzel, Sarah-Maude Desgagné et Marc-André Fortin, dans une mise en scène de Joël Legendre), un spectacle de Noël avec Roch Voisine comme invité spécial (du 10 au 17 décembre) et l’événement Céline Symphonique (où des chanteurs comme Vincent Niclo, Josianne Comeau et Jennifer Lee-Dupuis revisiteront le répertoire de Céline Dion, les 27 et 28 décembre).
En 2024, dans La passion selon Saint Matthieu – Version 2.0, des figures de la communauté LGBTQ+ telles Rita Baga et Victor Valdez s’uniront à La Bronze et la bande de Da Costa pour requinquer l’œuvre de Bach, un « combat d’instruments » aura lieu entre le chef et King Melrose sur des airs d’Elvis et Sinatra, versus Mozart et Beethoven, et on célébrera le legs musical et cinématographique du compositeur Ennio Morricone. Une réunion avec Gino Vanelli a également eu lieu au début novembre.
« On fait des projets pour amener les gens vers la musique classique », résume Alexandre Da Costa.
L’affiche du ciné-concert Disney en concert : Un rêve est un souhait.Résumé de l’affaireEn mars, le journal Le Devoir faisait état de tensions entre Da Costa, qui fut nommé chef de l’Orchestre symphonique de Longueuil (OSDL) en 2019, et ses musiciens. Le syndicat de l’organisation y déplorait le départ d’une vingtaine d’entre eux (sur la quarantaine formant l’ensemble) depuis l’arrivée de Da Costa à la barre, et remettait en question la capacité de ce dernier de diriger un orchestre, ainsi que sa bienveillance auprès de ses collègues. On reprochait également au violoniste de s’approprier, en solo, du temps de scène normalement alloué aux instrumentistes.
Puis, en septembre, le quotidien La Presse nous apprenait que l’intervention d’un médiateur mandaté par le ministère du Travail avait débouché sur un « Plan de réussite ». Le journaliste Jean Siag expliquait que des rencontres avaient eu lieu entre le syndicat, le directeur général de l’orchestre, Jean-Marc Léveillé, et Alexandre Da Costa. Or, des témoignages de musiciens toujours sceptiques ou mécontents, dans ce même article de La Presse, laissaient entendre que l’harmonie restait fragile au sein des troupes.
Entre-temps, en juillet, l’OSDL – quatrième orchestre symphonique en importance au Québec, derrière l’Orchestre symphonique de Montréal, l’Orchestre Métropolitain etl’Orchestre symphonique de Québec – a été rebaptisé Orchestre Philharmonique du Québec, histoire de mieux refléter ses ambitions nationales et internationales. Déjà, depuis que Da Costa en tient les rênes, la formation a voyagé en Colombie et au Brésil, et a écumé les grandes salles d’un peu partout au Québec. Ce changement de nom et de vocation avait également suscité la grogne, certains étant attachés à la mission originale de l’OSDL, qui se voulait locale et éducative. La Ville de Longueuil a d’ailleurs retiré son financement annuel jusque-là alloué à l’OSDL dans la foulée de sa réorientation.
Pour toutes les actualités de l’Orchestre Philharmonique du Québec, on consulte le site web de l’organisation.
Alexandre Da Costa, chef de l’Orchestre Philharmonique du Québec, a essuyé de vives critiques de la part de ses musiciens dans la dernière année. Crédit photo : Courtoisie site web d’Alexandre Da CostaVentes qui explosent
La vente de billets de l’orchestre, signale Da Costa, est passée de 4000 par année, avant son arrivée, à 40 000 l’an dernier. D’une douzaine de concerts annuellement présentés autrefois, l’ensemble en offre désormais une soixantaine.
Celui qui fut jadis encouragé par Charles Dutoit tient mordicus à « partager » la musique classique au plus grand nombre, la rendre plus « flexible et accessible ». Ainsi, figurent au programme de l’Orchestre Philharmonique du Québec, prochainement, la soirée ciné-musicale Disney en concert : Un rêve est un souhait (en collaboration avec Juste pour rire, du vendredi 24 au dimanche 26 novembre, avec les voix de Véronique Claveau, Philippe Touzel, Sarah-Maude Desgagné et Marc-André Fortin, dans une mise en scène de Joël Legendre), un spectacle de Noël avec Roch Voisine comme invité spécial (du 10 au 17 décembre) et l’événement Céline Symphonique (où des chanteurs comme Vincent Niclo, Josianne Comeau et Jennifer Lee-Dupuis revisiteront le répertoire de Céline Dion, les 27 et 28 décembre).
En 2024, dans La passion selon Saint Matthieu – Version 2.0, des figures de la communauté LGBTQ+ telles Rita Baga et Victor Valdez s’uniront à La Bronze et la bande de Da Costa pour requinquer l’œuvre de Bach, un « combat d’instruments » aura lieu entre le chef et King Melrose sur des airs d’Elvis et Sinatra, versus Mozart et Beethoven, et on célébrera le legs musical et cinématographique du compositeur Ennio Morricone. Une réunion avec Gino Vanelli a également eu lieu au début novembre.
« On fait des projets pour amener les gens vers la musique classique », résume Alexandre Da Costa.
Marie-Josée R.Roy
Fondatrice / Rédactrice en chef / Journaliste