Faites place, mesdames et messieurs, la « reine du Canada » Gisèle Lullaby s’empare du plancher (de danse) dans un premier spectacle à son nom où s’entrecroisent tant ses talents (chorégraphies, lip sync, jeu, stand up) que ses fantasmes costumiers (de la chatte voleuse à la robe de chambre froufroutée). Un univers au concept parfois flou, où le plaisir presque enfantin de la vedette déteint copieusement sur son public en délire, lequel chante et se trémousse bien fort avec sa souveraine.

Notre Gisèle, alias Simon Gosselin lorsque démaquillée, a trottiné un peu partout sur le globe depuis sa victoire tellement applaudie à Canada’s Drag Race, où elle fut la première Québécoise à triompher en trois saisons, il y a un an. Tournée en Australie, passage au Casino de Paris à titre d’invitée d’honneur du spectacle Drag Race France, sauts aux États-Unis, participation au collectif War on the Catwalk réunissant les plus grandes étoiles de la drag propulsées par la populaire franchise RuPaul’s Drag Race : avec les grands honneurs sont venus gloire et contrats pour la lauréate. Elle est aussi allée remettre le trophée de la meilleure Animation série ou spéciale de variétés à France Beaudoin (pour En direct de l’univers, spéciale du Jour de l’An 2021) au dernier gala des Gémeaux, a chanté la pomme à Élyse Marquis à En direct de l’univers et a gambadé au bras de la mairesse de Montréal, Valérie Plante, au bal annuel de l’Orchestre symphonique de Montréal. Bref, depuis son sacre, tout le monde veut son petit bout de Gisèle.

Heureusement, le Québec n’allait pas tarder à renouer avec sa diva, qui débarque aujourd’hui dans un one woman show complètement unique, immense fourre-tout créatif visiblement pensé pour assouvir toutes les passions de Son Altesse. Le grand baptême a lieu ces soirs-ci au Casino de Montréal, puis bientôt à Québec et Gatineau.

Crédit : Sarah-Louise Jean-Louis. Gisèle Lullaby dans son spectacle
Crédit : Sarah-Louise Jean-Louis. Gisèle Lullaby dans son spectacle « Gisèle Lullaby, journaliste d’enquête et femme du peuple ».

Dans Gisèle Lullaby, journaliste d’enquête et femme du peuple, la drag queen (« petite gamine de Boucherville (…) née de la classe moyenne ascendant pauvre » qui rêvait d’être star)  s’expose vraiment dans tous ses états. Une histoire fictive de vol de couronne s’étale en fil conducteur porteur de l’ensemble : Miss Lullaby incarne mille et un personnages, dans des looks et des interprétations à faire rougir les protagonistes du Cœur a ses raisons. Elle devient animatrice, cheffe d’antenne, esthéticienne, enquêtrice, alouette. Le tout se passe essentiellement en projections. Celles-ci sont jolies et inventives, comme cet extrait du jeu Nintendo Mario Bros dans lequel s’insère une mini Gisèle en quête de vérité.

Mais cette trame de fond toute candide sert surtout à introduire les éclatantes prestations de Gisèle et ses quatre danseurs, qui se secouent buste et popotin sur les airs et les voix estimées de la communauté LGBTQ+ : beaucoup de Céline Dion (It’s All Coming Back To Me Now, My Heart Will Go On…), Marjo (Illégal), All That Jazz, Lady Marmalade, Marie-Mai (Mentir), Lady Gaga (Poker Face), Gloria Gaynor (I Will Survive)…

Crédit : Sarah-Louise Jean-Louis. Gisèle Lullaby dans son spectacle

Crédit : Sarah-Louise Jean-Louis. Gisèle Lullaby dans son spectacle « Gisèle Lullaby, journaliste d’enquête et femme du peuple ».

Et ces numéros sont tous éblouissants, surtout dans une salle de format cabaret, où on peut se lever pour se déhancher et taper des mains à notre aise. Évidemment, la garde-robe en met plein la vue (robe scintillante dorée, ou rouge à haute et généreuse collerette, long manteau de détective glam, déshabillé noir très échancré en milieu de poitrine…). Mais aussi, Gisèle bouge comme une déesse, descend souvent au parterre pour titiller ses spectateurs, ne craint pas la grivoiserie. Il fallait voir sourire celui qui a dû la suivre à l’avant pour ensuite se faire « chevaucher » sans ménagement!

En début de soirée, notre jubilaire et ses danseurs nous paraissaient bien seuls sur la grande scène sans décor du Casino de Montréal. Une odeur de manque d’envergure flottait vaguement dans l’air. Les vidéos gentils et bon enfant faisaient sourire, mais leur ton juvénile jurait un peu avec l’ambiance de club des vignettes musicales.

Mais, plus les tableaux se déploient, plus on constate l’authenticité du talent de showgirl de la belle Gisèle. Et plus l’assistance réagit et en redemande.

Que Gisèle Lullaby – théâtrale à souhait dans les portions saynètes de son collage – contente pour l’instant son besoin de s’éclater sur plusieurs fronts, de se faire comédienne et humoriste autant que (fausse) chanteuse, mais il lui faudra assurément un jour bâtir un spectacle uniquement autour des variétés. Même les Michèle Richard et Mado Lamotte pionnières de sa lignée ne pourront que s’incliner.

Crédit : Sarah-Louise Jean-Louis. Gisèle Lullaby dans son spectacle
Crédit : Sarah-Louise Jean-Louis. Gisèle Lullaby dans son spectacle « Gisèle Lullaby, journaliste d’enquête et femme du peuple ».

Gisèle Lullaby présentera Gisèle Lullaby, journaliste d’enquête et femme du peuple à nouveau au Casino de Montréal ce vendredi et samedi, 1er et 2 septembre, puis au Capitole de Québec le 19 octobre et au Théâtre du Casino du Lac-Leamy, à Gatineau, le 9 novembre. Plus d’informations sont disponibles au musicorspectacles.com.

 

 

 

 

 

 

Marie-Josée R.Roy

Marie-Josée R.Roy

Fondatrice / Rédactrice en chef / Journaliste

Fondatrice, rédactrice en chef et journaliste de Sous les projecteurs, je dévore de la culture québécoise depuis l’enfance et n’ai qu’un objectif, la faire rayonner à travers mes articles, et ce, depuis près de 15 ans. Anciennement journaliste chez Allô Vedettes, HuffPost Québec et l’Agence QMI.

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