La nostalgie avait été un terreau fertile pour le premier spectacle solo de Phil Roy, qui nous jasait alors de ses années au secondaire et autres anecdotes de jeunesse. L’humoriste poursuit dans la même veine avec «Philou», sa deuxième tournée fondée sur des textes qui ne bousculent ni ne choquent, n’envoûtent ni ne surprennent outre mesure, mais demeurent divertissants et efficaces.
Janvier 2017, Phil Roy lançait «Monsieur», son premier «one man show», à l’Olympia de Montréal. Le 16 mars 2022, le même Phil Roy inaugurait «Philou», son deuxième effort, dans la même salle de la rue Sainte-Catherine. La bouille d’éternel gamin est demeurée la même, tout comme le débit rapide, l’énergie inépuisable et le ton candide.
Attachant et sympathique
Maintenant cinq ans plus âgé, une pandémie et un bébé naissant plus tard, le jeune homme passe d’un solennel «Monsieur» à un surnom mignon, «Philou», comme carte de visite.
Une régression? Absolument pas. Plutôt une continuité du style implanté en début de carrière. Phil Roy est toujours le même bonhomme sympathique et attachant qu’on voudrait dans nos rassemblements de famille pour faire décoller l’ambiance.
Un conteur amusant, qui crée un tabac chez les spectateurs de sa génération, qui puise fréquemment dans la nostalgie pour propulser ses blagues. Un garçon qu’on devine entre les lignes, à travers ses mots, être une personne de bonnes valeurs, qui sort sa sensibilité dans un humour parfois juvénile, mais aussi, par moments, plus profond.
Qui ne marque pas les esprits par son originalité ou son audace, mais qui séduit par sa simplicité et son aisance naturelle sur scène. Phil Roy, c’est notre voisin, notre cousin, le clown de la classe qui désamorçait les cours trop lourds à la polyvalente.
Nouveau papa
Bien sûr, devenu papa, Phil Roy est désormais conscient de certaines réalités. Comme le fait que «t’es pas dans « marde », tant et aussi longtemps que tes parents sont en vie». Il fait de ce credo un numéro très rigolo en début de spectacle, dans lequel il taquine les pères-les-plus-forts-au-monde et les mamans qui iraient chercher leur progéniture au bout de la nuit, ces gens ordinaires qui se sont embarqués dans l’aventure de la parentalité en toute méconnaissance de cause.
Roy avait aussi parlé des papas et de leur autorité dans «Monsieur»; comme quoi certains thèmes nous tiennent à cœur toute notre vie.
La table est ainsi mise pour le récit d’un voyage en tête-à-tête avec son paternel, aussi moqueur qu’attendrissant, puis, évidemment, pour un retour sur sa nouvelle paternité d’une fillette de 11 semaines.
Une déclaration d’amour à sa belle Virginie, l’heureuse nouvelle maman, dérive sur une tirade incendiaire (plutôt drôle pour les initiés) sur le film «Elle a tout pour elle», comédie romantique pour ados sortie en 1999, premier opus d’une longue série de productions américaines du genre.
Coup de gueule aux tests de grossesse, souvenir d’une fausse couche douloureuse, coup de cœur au temps qui passe et à ses espoirs pour sa fille, la famille occupe une place centrale dans le contenu de «Philou».
Phil y va aussi d’un aveu d’anxiété coloré, qui rejoindra sûrement beaucoup de gens atteints du même mal.
Accessible
Si Phil Roy obtient un tel succès auprès des trentenaires et autres représentants de la clientèle TikTok, c’est décidément parce qu’il est accessible et terre à terre. Constamment en cours de prestation, l’artiste s’arrête pour interagir avec des personnes du public, tirer la pipe d’une dame sur son rire bruyant ou échanger avec une adolescente assise aux premiers rangs. L’assistance adore ces clins d’œil inattendus, que l’hôte maîtrise à point, sans jamais perdre le fil.
Phil Roy poursuit sa tournée «Philou». Il s’arrêtera notamment à la Salle Albert-Rousseau, à Québec, les 5 et 6 avril, et repassera par l’Olympia de Montréal le 22 octobre prochain. Consultez son site web pour toutes les dates.
Crédit photo Phil Roy : Paméla Lajeunesse
Marie-Josée R.Roy
Fondatrice / Rédactrice en chef / Journaliste