À titre de porte-parole d’Anorexie et boulimie Québec (ANEB) depuis 11 ans, Catherine Brunet a déjà rencontré des adolescents et même des enfants de neuf ans hospitalisés au CHU Sainte-Justine ou à l’Institut Douglas pour des troubles alimentaires.

Fidèle à la cause, la comédienne porte le message de sensibilisation d’ANEB depuis toutes ces années, accorde des entrevues pour conscientiser la population aux dangers des troubles alimentaires et verse à cet organisme les sous qu’elle engrange quand elle participe au «Tricheur», par exemple.

Elle expose sur sa page Instagram l’adresse de la plateforme web d’ANEB sur laquelle on trouve de l’information sur les différentes maladies du genre, des services d’aide disponibles (lignes d’écoute, conférences, groupes de support virtuels, ressources régionales) et autres conseils pour s’en sortir soi-même ou secourir un(e) proche.

Encore récemment, Catherine Brunet s’est entretenue avec les médias pour jaser de la Semaine nationale de sensibilisation aux troubles alimentaires 2022, qui se termine aujourd’hui, lundi 7 février, sous le thème «La voix malsaine de la maladie chez une personne affligée par un trouble alimentaire».

Vrai problème

Catherine Brunet n’a pas elle-même été touchée par l’anorexie, la boulimie ou leurs dérivés. Mais, à 20 ans, l’artiste qu’on avait vue grandir dans «Le monde de Charlotte» et «Un monde à part» a pris conscience de son féminisme et s’est intéressée au sort des femmes en général. Après avoir été ambassadrice pour l’UNICEF pendant un long moment, elle a troqué la petite tirelire orange pour les discussions avec des spécialistes des troubles alimentaires. Un combat plus que pertinent, surtout à l’heure où chacun joue avec son image comme bon lui semble sur les réseaux sociaux.

«C’est une chose avec laquelle j’ai toujours eu de la difficulté, confie Catherine en entrevue avec « Sous les projecteurs ». Au secondaire, j’étais très complexée. Comme une personne sur trois, j’ai souffert de ne pas aimer mon image corporelle, de m’imposer des restrictions…Je n’ai jamais eu de troubles alimentaires, je n’en ai jamais développé, mais je connais beaucoup de monde autour de moi qui en ont, ou qui en ont eu.»

Catherine Brunet insiste : les troubles alimentaires n’ont rien d’un caprice et doivent être pris au sérieux.

«Ce n’est pas la même chose que de ne pas être satisfait de son image corporelle. On a tendance à associer les deux, à penser que les gens qui ont des troubles alimentaires veulent seulement correspondre aux standards de beauté, alors que c’est un réel problème psychologique, neurologique, au même titre que la dépression, le « burn out » ou la bipolarité. Ça peut être provoqué par plein de choses : la société, l’entourage familial, le désir de contrôle…»

Solutions

Bien que connus, il existe de fait encore un flou autour des troubles alimentaires. Dans la culture populaire, à la télévision, par exemple, le sujet n’est que rarement abordé. En ce moment, la très belle série «Les bracelets rouges», à TVA, soulève le problème avec beaucoup de sensibilité à travers le personnage de Flavie (Audrey Roger), qui refuse obstinément de manger. La jeune femme semble éprouver une véritable répulsion, une crainte devant le contenu de ses assiettes.

«Il faut briser les tabous, martèle Catherine Brunet. Ce ne sont pas seulement des gens qui ont des lubies ou qui veulent donc être minces ou musclés. C’est vraiment un trouble, une maladie.»

Pour paraphraser François Legault, il y a toutefois de la lumière au bout du tunnel, et ANEB constitue l’une de ces lumières, indique l’actrice. Celle-ci conseille à quiconque se pose des questions sur les troubles alimentaires de fouiner sur le site du regroupement, de s’informer. Elle se réjouit du discours ambiant sur la nutrition, qui tend de plus en plus vers l’alimentation intuitive et de moins en moins vers les diètes sévères à la Montignac qui obsédait sa mère et ses tantes il y a une vingtaine d’années.

Catherine Brunet suggère aussi, sur les réseaux sociaux, de se désabonner des comptes qui incitent à la comparaison ou nous font sentir inconfortable. Une recommandation qu’elle juge valable autant pour les jeunes que les moins jeunes.

«Suis des gens que tu trouves inspirants parce que tu aimes leur humour, leur art, leur sport…», image-t-elle.

«La première étape pour s’en sortir, c’est de réaliser qu’on est malade, puis qu’il existe des solutions et des façons de s’en sortir. Ce n’est pas un chemin facile, mais on peut guérir d’un trouble alimentaire.»

Rester vivants

Côté engagements professionnels, Catherine Brunet apparait ces jours-ci dans la deuxième saison de «Pour toujours, plus un jour», sur Crave, et on la retrouvera dans la minisérie «Manuel de la vie sauvage», adaptation du roman du même titre de Jean-Philippe Baril Guérard, à Séries Plus, en mars.

Elle prête toujours ses traits à la mère porteuse du couple formé par Simon (Antoine Pilon) et Jean-Pascal (Simon Pigeon) dans «Entre deux draps», sur Noovo. Dans les prochains mois, elle devrait aussi boucler le tournage du film «La bataille de Farador», d’Edouard Tremblay, qui nécessite un voyage en Belgique.

Brunet se dit par ailleurs très heureuse de la réouverture des salles de spectacles et de cinéma, en vigueur aujourd’hui, après les fermetures entraînées par la vague Omicron.

«On a prouvé que les salles de spectacles et de cinéma ne sont pas un lieu d’éclosion, argue-t-elle. Il faut arrêter de voir la culture comme un simple divertissement. On l’a bien vu, pendant la pandémie : qu’est-ce que les gens ont fait? Ils ont lu des livres, écouté de la musique, regardé la télé… Il faut arrêter de penser que le théâtre et la musique en salle ne sont pas importants pour les humains. J’espère que les gens vont réaliser à quel point la culture est importante, qu’on a besoin de sous pour vivre. On a besoin de rester vivants et de rester forts», complète Catherine Brunet.

Un dernier événement, une soirée témoignage animée par Jean-Marie Lapointe organisée par la Maison L’Éclaircie, a lieu aujourd’hui, lundi 7 février, dans le cadre de la Semaine nationale de sensibilisation aux troubles alimentaires 2022. Pour se renseigner sur la mission d’ANEB, on consulte le site web de l’organisme.

Crédit photo Catherine Brunet : Eva-Maude TC

Marie-Josée R.Roy

Marie-Josée R.Roy

Fondatrice / Rédactrice en chef / Journaliste

Fondatrice, rédactrice en chef et journaliste de Sous les projecteurs, je dévore de la culture québécoise depuis l’enfance et n’ai qu’un objectif, la faire rayonner à travers mes articles, et ce, depuis près de 15 ans. Anciennement journaliste chez Allô Vedettes, HuffPost Québec et l’Agence QMI.

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