Derrière les manchettes tonitruantes des bulletins d’informations, il y a les vies humaines. Chaque féminicide est synonyme d’existences sacrifiées et brisées. Celles de femmes parties trop tôt, de proches meurtris et ébranlés à jamais.

«Femme, je te tue», nouvelle série documentaire de la chaîne Investigation, rend hommage aux victimes de ces drames terribles et raconte leur histoire. Pour qu’on ne les oublie jamais et que leur nom ne devienne pas qu’un simple fait divers. «Femme, je te tue» expose les visages de la violence et de la souffrance qui en découle.

Animée par Ingrid Falaise, qui mène des entrevues sensibles avec toute l’empathie qu’on lui connaît, la production d’Anémone Télé revisite, en huit épisodes de 30 minutes, huit cas de féminicides bouleversants, certains très médiatisés, d’autres moins. Le premier rendez-vous est fixé au mercredi 25 janvier.

C’est à la fois dur et troublant, mais aussi rempli de bienveillance. On comprend rapidement que le but de «Femme, je te tue» n’est pas de verser dans le sensationnalisme, mais bien de redonner une dignité au souvenir de ces femmes aux cruels destins.

Douceur

On s’intéresse, entre autres, aux affaires Clémence Beaulieu-Patry (2016), Marylène Lévesque  (2020), Jaël Cantin (2020) et Véronique Barbe (2017), ce dernier dossier ayant donné lieu, à l’époque, à la plus longue alerte Amber de l’histoire du Québec, s’étant soldée par une spectaculaire poursuite policière.

«Femme, je te tue» reconstitue, de la voix de Sarah Bernard, recherchiste spécialisée en affaires criminelles, le fil des événements ayant mené à l’irréparable dans chaque dossier, avec l’appui de témoins et spécialistes. Chaque situation est efficacement résumée et expliquée.

Ingrid Falaise, elle, rencontre en tête-à-tête l’entourage affecté. Elle-même ayant connu les affres de la brutalité conjugale, l’actrice et animatrice a depuis longtemps fait de la lutte contre ce fléau son cheval de bataille. Elle est une parfaite accompagnatrice, d’une grande douceur, tant pour le téléspectateur que pour les tristes acteurs de la tragédie, dans ce projet.

«On n’en fait pas, de deuil…»

La première tranche de «Femme, je te tue» est consacrée à la jeune Clémence Beaulieu-Patry, proie d’un meurtre sordide perpétré sur son lieu de travail, le supermarché Maxi du quartier Saint-Michel, à Montréal, en 2016. Elle avait 20 ans.

Véritable rayon de soleil, sans ennemis, la jeune femme a été assassinée devant une dizaine de témoins horrifiés et impuissants. Le père de Clémence a rapidement compris que quelque chose ne tournait pas rond lorsqu’il est débarqué dans le stationnement du commerce pour aller chercher sa fille à la fin de la journée, et qu’il s’est buté à un périmètre de protection policière.

Ce n’est que de longues heures plus tard, aux alentours de minuit, que Luc Patry et Nathalie Beaulieu ont appris qu’il était arrivé malheur à leur enfant.

Randy Tshilumba, un compagnon de classe de Clémence de l’époque du secondaire, avait approché la jeune adulte à quelques reprises en lui témoignant de l’intérêt avant ce moment fatidique où il s’est précipité dans le département des vêtements pour enfants pour la poignarder sauvagement.

Bègue, instable psychologiquement, paranoïaque, Tshilumba a ensuite livré un témoignage reflétant un désordre psychologique total, lui qui soutenait avoir tué Clémence Beaulieu-Patry pour protéger les clients du supermarché.

Il a quand même été condamné à la prison à perpétuité, sans possibilité de libération avant 25 ans, le jury ayant conclu que son geste était prémédité et conscient.

Une bien mince consolation pour la maman et le papa de Clémence, qui vivent tous les jours avec cette perte immense. Et qui essaient malgré tout d’être heureux, «parce que c’est ce que Clémence aurait voulu».

«On n’en fait pas, de deuil. À tous les jours, on pense à elle. Il y a toujours quelque chose qui nous fait penser à Clémence. On vit avec», dépeint Luc Patry avec émotion.

«Il y a un avant, et un après Clémence. On en parle, on la regarde, et on lui demande d’être avec nous», renchérit Nathalie Beaulieu, en regardant la photo de son ange au mur.

Actualité brûlante

Très bien réalisée par Mariane McGraw («Mitsou et Léa», «Face aux monstres, l’origine», etc), la série bouleverse nécessairement en raison de l’actualité récente : en 2020, selon les statistiques, une femme a été tuée tous les deux jours et demi au Canada.

Impossible de ne pas être touché en plein cœur en écoutant parents et amis des victimes relater la douleur que ces revers leur ont infligé. Le résultat s’avère difficile à regarder, mais constitue également un digne hommage à la mémoire de ces belles âmes envolées beaucoup trop rapidement et injustement.

«Femme, je te tue», le mardi, à 22 h, à Investigation, dès le 25 janvier. Le premier épisode pourra être visionné gratuitement sur Noovo.ca après sa diffusion.

Crédit photo : Eve B. Lavoie / Facebook Ingrid Falaise

Marie-Josée R.Roy

Marie-Josée R.Roy

Fondatrice / Rédactrice en chef / Journaliste

Fondatrice, rédactrice en chef et journaliste de Sous les projecteurs, je dévore de la culture québécoise depuis l’enfance et n’ai qu’un objectif, la faire rayonner à travers mes articles, et ce, depuis près de 15 ans. Anciennement journaliste chez Allô Vedettes, HuffPost Québec et l’Agence QMI.

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