Plusieurs futures mamans anticipent leurs premiers mois de vie avec bébé comme un conte de fées, s’imaginant cuisiner dans l’allégresse une savante recette de Trois fois par jour entre deux changements de couche, un poupon silencieux et souriant accroché au sein, dans un moelleux nuage de douceur. À l’image d’une photo retouchée dans un magazine ou sur Instagram.

La réalité est parfois – souvent – tout autre. Et elle peut facilement tourner au cauchemar quand la santé mentale vacille à la suite d’une grossesse. Or, la société occupée à valoriser le bonheur inconditionnel – qu’on suppose souvent implicite, voire obligatoire – des nouveaux parents, on parle bien peu de la détresse qui afflige certaines jeunes mères, dont le corps a pourtant accompli l’exploit de fabriquer un petit être humain. Il y a de quoi chercher ses repères pendant quelques mois…

En parler ouvertement

L’excellent documentaire «Maman, pourquoi tu pleures?», à l’affiche des plateformes de Bell Média (Canal Vie, Crave, Noovo.ca) dès le 26 janvier, s’attaque à la dépression périnatale, un tabou qui ne devrait plus en être un en 2022.

Au Québec, selon des études, une femme sur cinq souffrira de troubles de santé mentale pendant ou après sa grossesse; si on se questionne ouvertement sur le diabète de grossesse, rien ne justifie qu’on ne cause pas de ces enjeux non visibles physiquement, mais tout aussi dévastateurs, clame Jessica Barker, instigatrice de ce nécessaire projet d’une heure réalisé par Patricia Beaulieu («Star Académie», «Deuxième chance», «Où es-tu?», «Pandémie : sommes-nous prêts?», etc) et produit par Trinome & Filles.

Mal méconnu

C’est en apprenant que sa voisine d’en face, devenue mère en même temps qu’elle, avait reçu un diagnostic de bipolarité après son accouchement, que Jessica Barker a eu envie de creuser ce mal méconnu qui afflige les superhéroïnes que sont les mamans.

Sa quête l’a amenée à discuter, entre autres, avec Cathy Gauthier, une anxieuse assumée qui a connu une tumultueuse période de post-partum après la venue au monde de sa petite Alice; avec Jean-Philippe Dion, dont la maman est tombée malade après lui avoir donné vie (et qui a jadis encaissé des moqueries d’un cousin à cet égard), et avec Sarah, déjà victime du trouble dysphorique prémenstruel, qui a traversé de véritables montagnes russes en enfantant. La cheffe de clan a même dû interrompre une grossesse tant le risque de psychose était grand.

Le documentaire trace aussi la distinction entre «baby blues» et dépression, explique comment les soubresauts hormonaux peuvent affecter le bien-être psychologique des femmes enceintes, s’intéresse à la réalité des conjoints, détaille les effets d’un tel état sur la relation maman-bébé et s’attarde à la culpabilité des femmes qui ne chouchoutent pas leur petit trésor dans une totale béatitude. Après tout, comment évoquer sa douleur de nouvelle maman devant une amie qui souffre d’infertilité?

Confidences bouleversantes

Il ressort des échanges de «Maman, pourquoi tu pleures?» des confidences bouleversantes. Comme celles d’Émilie, qui a subi une dépression post-partum avec intensité psychotique un mois après sa césarienne. Sa fillette était en pleine santé, mais elle-même a dû composer avec une panoplie de symptômes, allant de la paranoïa à la confusion temporelle, qui l’ont tenue hospitalisée pendant 10 jours. Ou celles de Stéphanie, qui a vogué de crises de panique (durant huit heures!) en prise de médicaments. Stéphanie a même soupçonné être atteinte de sclérose en plaques. Elle a fait une tentative de suicide et son médecin lui a prescrit l’octroi d’électrochocs. On est loin du parfait portrait de famille publié sur Facebook…

L’enseignement retiré par Jessica Barker à la suite de ces rencontres? Usons de bienveillance et d’empathie. «Soyons là pour nos voisines», propose l’animatrice et comédienne, visiblement remuée par ces conversations. Les yeux embués, Jessica raconte combien ses interlocutrices, ses «survivantes», ont été généreuses dans leurs propos en entrevue.

«Personne n’a reculé ou questionné. J’avais développé une relation et une confiance avec elles. C’est sûr qu’il y a eu des moments troublants ; on parle de suicide, d’arrêt de grossesse, de psychose… Mais c’était fait dans un esprit de douceur et de bienveillance. On ne voulait pas beurrer épais et en rajouter, alors j’y allais avec beaucoup de pudeur», explique Jessica Barker.

«Maman, pourquoi tu pleures?» se conclut sur la chanson «Rose pâle», interprétée par la douce voix de Marilou, comme une berceuse entonnée tant à l’égard des chérubins que de leur maman qui, elles aussi, auraient parfois bien besoin d’une sieste et d’un câlin.

Bell cause encore

Le documentaire «Maman, pourquoi tu pleures?» sera diffusé la semaine prochaine dans le cadre du mouvement «Bell Cause pour la cause», qui soutient des initiatives en santé mentale depuis 12 ans. Le slogan rayonne toujours très fort :  l’an dernier, plus de 159 millions de messages partagés sur les médias sociaux ont permis d’amasser 7 958 671, 75 $. Cette année, c’est le mercredi 26 janvier qu’on emploiera le mot-clic #BellCause à toutes les sauces pour, chaque fois, envoyer cinq sous à divers programmes en santé mentale.

Et les plateformes de Bell offriront de multiples émissions spéciales dans la foulée, à compter du 23 janvier, comme «Survivre au sport», à Noovo, qui se penchera sur l’anxiété dans le monde du sport. Crave et Canal D apporteront aussi leur brique à l’édifice en relayant «Santé mentale : l’Amérique en crise» et d’autres contenus traitant du sujet.

«Maman, pourquoi tu pleures?», le mercredi 26 janvier, à 19 h, à Canal Vie, puis disponible sur Crave et Noovo.ca.

Photo : Courtoisie Bell Média/ Crédit Ève B. Lavoie

Marie-Josée R.Roy

Marie-Josée R.Roy

Fondatrice / Rédactrice en chef / Journaliste

Fondatrice, rédactrice en chef et journaliste de Sous les projecteurs, je dévore de la culture québécoise depuis l’enfance et n’ai qu’un objectif, la faire rayonner à travers mes articles, et ce, depuis près de 15 ans. Anciennement journaliste chez Allô Vedettes, HuffPost Québec et l’Agence QMI.

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