Existe-t-il plus magique moment, lorsqu’on est enfant, que ces instants à contempler l’immensité du ciel étoilé, à tenter de compter les points lumineux qui scintillent à une hauteur telle que l’humain ne saurait les atteindre, et à formuler des vœux lorsque l’astre filant fend l’air à toute vitesse, traînant avec lui un chapelet de promesses et de rêves encore intouchés?

C’est un peu cette fibre d’enchantement naïf, cette vastitude de possibilités que représente la voûte céleste, qu’exploite le Cirque Éloize avec sa charmante nouvelle production, justement intitulée «Céleste». Un spectacle en formule cabaret, beau, poétique sans se prendre au sérieux, bon enfant ici et là, qui offre de surcroît une grande proximité avec l’assistance.

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La chanteuse Coral Egan, dans Céleste du Cirque Éloize / Crédit Paméla Lajeunesse

La chanteuse Coral Egan, dans Céleste du Cirque Éloize / Crédit Paméla Lajeunesse

Hôte sympathique

Proximité, voire intimité, car c’est dans la salle Agora de l’hôtel Fairmont Reine Élizabeth, où Éloize s’est établi en résidence, que «Céleste» déploie sa magie, dans une atmosphère chaleureuse.

Au milieu de l’immense pièce s’étend la grande scène rectangulaire, autour de laquelle prend place le public (à 50 % de capacité mercredi, soir de première médiatique, en réponse aux mesures sanitaires anti-COVID). Devant et derrière, des projections évoquant le système solaire agrémentent l’ambiance.

Quand les portes de la maison de «Céleste» se referment, le public se retrouve en quasi tête-à-tête, d’abord avec les créatures aux masques de lunes ou de renards qui exécutent des chorégraphies entre les tables et chaises du parterre.

Puis, il rencontre Matthew Richardson, l’excentrique guide animateur des intermèdes. De son suave mélange d’anglais et de français, le coloré personnage interpelle directement les spectateurs au sujet de leur signe astrologique, de leurs accompagnateurs, les taquine sur un ou deux détails, leur offre une séance de tarot… Très sympathique.

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Un tableau de Céleste, du Cirque Éloize / Crédit Paméla Lajeunesse

Un tableau de Céleste, du Cirque Éloize / Crédit Paméla Lajeunesse

Envoûtant et survolté

«Langoureux» est un qualificatif qui sied bien à «Céleste». Entre les prouesses acrobatiques toujours impressionnantes des artisans d’Éloize (roue Cyr, hula hoop, pôle, jonglerie…) qu’on admire à quelques mètres de distance seulement, et les interventions parfois mystiques de Richardson, la chanteuse Coral Egan, dans ses tenues brillant de mille feux, interprète des airs de circonstance («Les plaisirs démodés», «Fly Me to the Moon»…), accompagnée d’un DJ.

Parmi les segments à signaler de cet enchaînement doux, paisible, à l’image d’une rêverie à la belle étoile – et qui n’abuse bien sûr pas des pirouettes à multiples mains, distanciation sociale oblige ! –, on a craqué pour l’habileté avec laquelle l’équilibriste Mélodie Lamoureux a jonglé avec les cerceaux, en faisant parfois virevolter cinq ou dix anneaux d’un simple mouvement de bassin, à une vitesse complètement folle.

Sur la pôle, les athlètes Catherine Girard et Nadine Louis, sur «Sky Full of Stars», popularisée par Coldplay, s’adonnent à des contorsions en duo, vertigineuses à donner le tournis.

Sinon, l’acrobate Emile Mathieu a pu compter, mercredi, sur les encouragements sentis de la petite foule pour son exploit de monocycle sur caisses.

Une vignette de danse hip-hop casse un peu le rythme à mi-parcours, mais obtient en contrepartie un succès fou dans l’auditoire. Idem pour la capsule finale, en patins à roulettes, qui redonne du pep à cette nuit tantôt survoltée, tantôt envoûtante.

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Un tableau de Céleste, du Cirque Éloize / Crédit Paméla Lajeunesse

Un tableau de Céleste, du Cirque Éloize / Crédit Paméla Lajeunesse

Prise 2

C’est l’an dernier, alors que le Québec était sous couvre-feu et que la pandémie frappait à pleine virulence, que le Cirque Éloize a commencé à fabriquer «Céleste», autant dans le but de revitaliser l’acte de la création que de redynamiser le centre-ville de Montréal. L’organisation a d’ailleurs essuyé une triste déception en décembre quand, à 17 h de la première représentation de «Céleste», le gouvernement ordonnait la fermeture des salles de spectacle en raison de la montée du variant Omicron.

Heureusement, l’attente n’a pas été trop longue avant de pouvoir replonger à nouveau la tête dans les étoiles. «Céleste» est assuré d’un séjour d’au moins sept mois entre les murs du Reine Élizabeth.

Pour plus d’informations sur le spectacle «Céleste» du Cirque Éloize, on consulte le cabaretceleste.com. Des forfaits avec repas au restaurant Rosélys, sur place, sont disponibles.

Crédit photos : Paméla Lajeunesse

Marie-Josée R.Roy

Marie-Josée R.Roy

Fondatrice / Rédactrice en chef / Journaliste

Fondatrice, rédactrice en chef et journaliste de Sous les projecteurs, je dévore de la culture québécoise depuis l’enfance et n’ai qu’un objectif, la faire rayonner à travers mes articles, et ce, depuis près de 15 ans. Anciennement journaliste chez Allô Vedettes, HuffPost Québec et l’Agence QMI.

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