Le site web de Guylaine Tanguay  indique que celle-ci a lancé 16 albums en carrière. Mais en fait, elle en compte davantage, précise la principale intéressée en entretien avec «Sous les projecteurs», parce qu’à l’époque où elle écumait les festivals country, elle pouvait en mitonner deux par année, qui ne sortaient pas nécessairement en magasin.

Plus d’une vingtaine d’opus, donc. Pour une artiste qui n’a pas encore célébré ses 50 ans, cap qu’elle franchira fin septembre. Une discographie bâtie essentiellement dans l’ombre, en marge du circuit des médias traditionnels, sans trop d’aide des gros joueurs de l’industrie.

Le vent de la notoriété a tourné, si Guylaine se souvient bien, quelque part en 2015 ou 2016, avec la parution des albums «Inspiration country» et «Classique country». Vent devenu bourrasque le 23 octobre 2016, lorsque la nouvelle vedette a été invitée à «Tout le monde en parle». Son entrevue avec Guy A. Lepage l’a véritablement propulsée à l’avant-scène. La lumière ne l’a jamais délaissée depuis.

Aujourd’hui, après des années de dur labeur, la sympathique femme avance le courant dans le dos. Elle a revisité Elvis (sur l’album «Elvis Presley Blvd» en 2018), enregistré à Nashville, animé trois saisons de «Tout simplement country» à ICI ARTV, pris part à des projets collectifs avec des pointures de la trempe de Renée Martel, Laurence Jalbert, Patrick Norman. La coqueluche country est de toutes les tribunes, ses admirateurs lui sont fidèles.

Guylaine ne s’en cache pas : ça fait du bien de se laisser porter par la vague de la réussite, après avoir ramé si fort pour se tailler une place au soleil.

«Encore hier, quelqu’un me disait que je me suis transformée dans les dernières années, que j’avais l’air plus heureuse, confie la maman de trois filles adultes. J’ai passé ma vie à me battre, et j’ai parfois eu l’impression de donner des coups dans le vide. Ma vie est tellement plus douce et agréable maintenant. C’est plaisant de se sentir appuyée et acceptée. C’est plus facile de faire les bons choix. Plus je vieillis, plus j’assume tout ce que je fais. Tout ce que je choisis de faire, c’est moi qui le décide.»

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Guylaine Tanguay

Guylaine Tanguay / Courtoisie Musicor – Crédit Melany Bernier

Trois albums

Cela dit, le monde de la musique connaît des heures difficiles, même pour les visages les plus célèbres et populaires. La pandémie n’a certainement pas aidé la cause. Produire un disque en 2022 s’avère compliqué. Ne faisant rien à moitié, l’infatigable Guylaine a donc décidé, dans la prochaine année… d’en lancer trois!

«J’aime essayer d’être positive, dans la vie, même si ce n’était pas simple, dans les deux dernières années. L’année 2022, je veux la penser douce. Je l’imagine déjà lumineuse…»

C’est que, pendant les confinements dus à la COVID, Guylaine a maintenu le contact avec son public sur Facebook. Elle a offert des spectacles virtuels sur la plateforme Live dans ton salon et demandé aux gens de formuler leurs demandes spéciales, country ou pas. Elle a reçu des dizaines et des dizaines de suggestions. À un point tel qu’elle en a forgé un nouveau concept, intitulé «À ma façon».

Dans le premier jet, «Ginette à ma façon», l’interprète s’approprie 11 morceaux du colossal répertoire de Ginette Reno. Et non les moindres : des monstres sacrés à la «Je ne suis qu’une chanson», «Des croissants de soleil», «Ceux qui s’en vont», «L’essentiel», «À ma manière» et «J’ai besoin d’un ami», entre autres. Avec une touche country «raffinée», qualifie Guylaine, sans gros sabots qui dénatureraient les chansons et effraieraient les fervents de la première heure de Ginette.

«Comme mes albums en général. On n’est pas dans le western des années d’avant. Je veux toujours que ça soit avec classe et élégance, tout en douceur. On ne débarque pas avec notre botte de foin!»

Le deuxième volet d’«À ma façon», qui verra le jour au printemps, rendra hommage à une autre personnalité, dont on tait l’identité pour le moment. Puis, à l’automne, la troisième et ultime partie honorera un bouquet de légendes de la musique.

C’est également lorsque les feuilles tomberont des arbres que Guylaine partira en tournée pour livrer sur scène une collection de pièces choisies des trois tranches de sa trilogie.

«C’est particulier pour moi, de faire tout ça en même temps. Et c’est à la fois très assumé. Quand on arrive à 50 ans, on sait ce qu’on veut et ce qu’on ne veut plus. J’ai les deux pieds bien à terre, tout est clair dans ma tête et c’est là que je m’en vais», soutient-elle.

Parfaite Ginette Reno

«Ginette à ma façon» tombe sous le sens dans le parcours de Guylaine : celle-ci a grandi avec Ginette Reno.

En regardant à la télévision les anciens «talk-shows» d’après-midi et de soirée où l’iconique chanteuse allait étrenner de sa voix immense ses nouveaux 45 et 33 tours, la jeune Guylaine était subjuguée par le talent, l’intensité et la personnalité authentique de Ginette. Elle savait que, si un jour elle se retrouvait micro en main, elle aspirerait au même genre de carrière que la première protégée de René Angélil : non pas un cheminement de «saveur du jour», mais un chemin de sincérité, de longévité et de proximité avec les gens, dans un milieu pourtant tellement rempli d’artifices. Comme Ginette, Guylaine tendrait à prendre soin de son public.

«Ginette, c’était la perfection, illustre la digne héritière. Chaque fois qu’elle chantait, c’était parfait. Dans l’émotion, dans le dosage… J’aimais aussi beaucoup sa façon de s’exprimer, parce que c’est une personne directe. Elle chante comme elle parle, sans hésitation. Même quand j’étais jeune, ça m’attirait. J’ai toujours eu beaucoup de caractère, je savais où je m’en allais, et je me trouvais des points communs avec cette dame-là.»

Ce n’est toutefois que plus tard, lors d’un enregistrement de «Belle et Bum» que Guylaine s’est risquée pour la première fois à réellement se mettre en bouche les mots de Ginette.

«J’ai découvert le bonheur de chanter ces textes beaux et puissants. À mon âge, c’était le temps de chanter ça… C’est tout un honneur de pouvoir chanter Ginette Reno!»

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La pochette de l'album

Bénédiction

Un honneur, et une responsabilité, reconnaît Guylaine Tanguay. Bien sûr que la pression est énorme quand on s’attaque à aussi mythique catalogue, si cher aux oreilles des Québécois. Tant et si bien que, pour Guylaine, hors de l’aval de Ginette, il n’y aurait point eu de salut.

«Ce projet n’aurait pas eu lieu si je n’avais pas eu une forme de bénédiction, d’approbation de Ginette Reno. Quand mon mari et gérant, Carl, est entré en contact avec son fils Pascalin pour savoir ce qu’elle en pensait, Ginette nous a laissé savoir qu’elle trouvait ça original, qu’elle aimait ma voix et qu’elle avait hâte de voir ce que ça donnerait. Plus tard, elle a entendu les chansons. J’ai même un petit mot signé Ginette Reno dans le livret de mon album, et elle m’a invitée à aller la voir en Floride pour qu’on écoute le disque ensemble. Pour moi, c’était le point majeur du départ ou de l’arrêt de ce projet.»

Ginette Reno pourrait-elle rejoindre Guylaine le temps de quelques duos lorsque «Ginette à ma façon» prendra vie sur scène?

«Je me le souhaite!», espère Guylaine Tanguay, un sourire dans la voix.

D’ici le début de la tournée «À ma façon», à l’automne, Guylaine Tanguay donnera encore des représentations de ses concerts «Thérapie country» (avec des musiciens) et «À deux mètres du bonheur» (accompagnée seulement de son guitariste Sébastien Dufour). Toutes les dates se trouvent sur son site web.

On pourra aussi assister au spectacle-lancement virtuel de l’album «Ginette à ma façon» ce vendredi, 11 février, à 20 h, sur la plateforme Live dans ton salon, et disponible en rattrapage jusqu’au 15 février. Les billets sont déjà en vente.

Crédit photos Guylaine Tanguay et pochette d’album : Melany Bernier / Courtoisie Musicor

 

Marie-Josée R.Roy

Marie-Josée R.Roy

Fondatrice / Rédactrice en chef / Journaliste

Fondatrice, rédactrice en chef et journaliste de Sous les projecteurs, je dévore de la culture québécoise depuis l’enfance et n’ai qu’un objectif, la faire rayonner à travers mes articles, et ce, depuis près de 15 ans. Anciennement journaliste chez Allô Vedettes, HuffPost Québec et l’Agence QMI.

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