La télévision québécoise se raffine. Longtemps crainte par les diffuseurs, parce que risquée et complexe à rendre avec crédibilité et sans caricature, la série de genre trouve tranquillement sa niche sur les écrans d’ici, avec succès.

Seulement récemment, pensons à la glaçante «Piégés», sur addikTV, à «Patrick Sénécal présente», sur Club illico, ou même au format jeunesse «Le 422», à Télé-Québec, des concepts voguant de l’épouvante au fantastique, qui ont tous fasciné des publics diversifiés.

De plus en plus audacieux (rappelons qu’on y attend cette année des offrandes de Philippe Falardeau, Sophie Deraspe et Xavier Dolan), le Club illico remet ça dans la série de genre, dès aujourd’hui, avec l’excellente fiction «Lac-Noir».

Une proposition riche et drôlement bien foutue, qui amalgame suspense, mystère, horreur et même un soupçon de surnaturel. Bref, de tout pour tous; c’est bar ouvert à «Lac-Noir», et c’est là l’un des principaux attraits de la production. Et «Lac-Noir» possède la grande qualité de ne ressembler à… à peu près rien de ce qui s’est conçu ici jusqu’à aujourd’hui. Chapeau pour l’initiative et l’originalité.

Étrangetés et inquiétude

L’œuvre est signée Martin Girard et Charles Dionne («Le jeu», «Web thérapie», «Alertes»), réalisée et imaginée par un Frédérik d’Amours («Alertes», «Lance et compte», «O’», «À vos marques… party!») en grande forme et portée par une distribution tout étoile, Mélissa Désormeaux-Poulin en tête.

Habituée de briller et encore une fois à la hauteur, l’actrice emprunte la peau d’une policière secrètement tourmentée, Valérie Roberge, qui débarque dans le bled perdu (fictif) de Lac-Noir, isolé dans une forêt des Laurentides, pour y épauler les autorités locales… dont l’un des membres a disparu sans laisser de traces.  Pour la petite histoire, sachez que «Lac-Noir» s’est tournée dans un camp de vacances de Wentworth-Nord, dans les Laurentides, et sur la rive-sud de Montréal.

Assoyez-vous confortablement, et tentez de comprendre les secrets de la municipalité aux individus parfois louches et même hostiles, les disparitions, les étrangetés… Tout ne tourne clairement pas rond dans le coin, et l’inquiétude se fait sentir.

«Lac-Noir, c’est un ben beau village… mais il se passe plein d’affaires étranges!», se fait avertir Valérie à son arrivée.

Notre héroïne est mère d’un adolescent, l’attachant Dave (Anthony Therrien), qui n’est pas enchanté de se retrouver en terre inconnue. Les beaux yeux d’une nouvelle camarade, Jade (Laurie Babin), adouciront peut-être sa position. Avec son nouveau partenaire d’enquête, Adrien (Stéphane Demers), Valérie nouera des rapports des plus cordiaux; oubliez la dynamique clichée «bon cop, bad cop».

Soupçons

Au gré des rencontres et des retournements, comme un vol à l’église, Valérie est guidée vers des symboles bizarroïdes, des pistes intrigantes et des suspects inattendus, qui en inciteront plusieurs d’entre nous à dévorer les huit épisodes de «Lac-Noir» en un clin d’œil. Chaque heure se déroule sur une journée et, la série entière, sur une semaine. C’est dense, vous l’aurez compris.

On salue beaucoup d’éléments de ce singulier «Lac-Noir» : le jeu impeccable des acteurs (Désormeaux-Poulin en tête, Demers, Normand D’Amour en ancien maire arrogant, Louise Cardinal, Isabelle Miquelon, Alexandre Castonguay – découvert dans le film «La rage de l’ange», de Dan Bigras, et qu’on devrait voir beaucoup plus sur nos écrans –, et les jeunes Anthony Therrien et Laurie Babin, qui personnifient à merveille le coup de foudre inopiné);  l’ambiance glauque et étouffante, mais jamais trop pesante pour le téléspectateur ; certaines trouvailles visuelles pour le moins originales (c’est parfois «flyé», «Lac-Noir»!) ; les musiques originales majoritairement mitonnées par Christian Marc Gendron… On a même fait appel à des experts en maquillage d’effets spéciaux pour rehausser certains détails. L’ensemble se démarque véritablement du bagage télévisuel que le Québec accumule dans ses tiroirs collectifs.

Plaire à tous

Le producteur Charles Lafortune, de Pixcom, et la direction de Club illico l’ont beaucoup réitéré en point de presse virtuel, mercredi : oui, «Lac-Noir» se campe dans un genre, mais plaira à une vaste audience.

«C’est un pur divertissement», a spécifié Denis Dubois, vice-président contenus originaux chez Québecor Contenu.

«On est dans une série mystérieuse, dans l’intrigant. On s’est donné le défi de faire quelque chose d’extrêmement divertissant et engageant. Du pop-corn intelligent!», a imagé Charles Lafortune, en relevant la qualité sonore de la série, à laquelle on a accordé une grande importance.

Autrement dit, montez le volume pour un maximum d’atmosphère!

«Lac-Noir», disponible intégralement sur Club illico dès aujourd’hui, jeudi 3 février.

Crédit photo Mélissa Désormeaux-Poulin : Courtoisie Pixcom et Club illico

Marie-Josée R.Roy

Marie-Josée R.Roy

Fondatrice / Rédactrice en chef / Journaliste

Fondatrice, rédactrice en chef et journaliste de Sous les projecteurs, je dévore de la culture québécoise depuis l’enfance et n’ai qu’un objectif, la faire rayonner à travers mes articles, et ce, depuis près de 15 ans. Anciennement journaliste chez Allô Vedettes, HuffPost Québec et l’Agence QMI.

Pin It on Pinterest

Share This